Dans une conférence intitulée “Les déclencheurs biologiques de la pluie” donnée dans le cadre du Festival Jardin Forêt (merci Samuel Bonvoisin), Cindy Morris relate comment une variation du régime de pluie a été constaté dans le sud ouest australien lors du développement de la culture du blé.
A Nöel 1859, 24 lapins Anglais arrivent à Melbourne comme cadeau pour Thomas Austin qui souhaitait introduire ces créatures dans sa propriété : “Quelques lapins pourraient faire peu de dégâts et donner un peu de réconfort, en plus d’être un endroit pour chasser”. Comme le fait remarquer science (https://www.science.org/content/article/19th-century-farmer-may-be-blame-australia-s-rabbit-scourge) l’expérience a réussi au-delà de toute espérance ! A tel point qu’en 1887, Louis Pasteur propose d’utiliser le choléra des poules pour réduire la population de ces rongeurs en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cette idée débouchera sur la création et la dispersion de la Myxomatose, redoutable mais insuffisante. Aujourd’hui encore la pullulation des lapins coûte des millions de dollars par an aux agriculteurs Australiens.
Venons en aux pluies.
En désespoir de cause, pour développer la culture du blé, l’Australie occidentale décide en 1901 de déployer une barrière de 3250 km pour se protéger des nuisibles. C’est la State Barrier Fence of Western Australia qui existe toujours. A l’ouest de la barrière c’est la plaine australienne native, à l’Est des champs de céréales à perte de vue. Quelques temps après, des chercheurs remarquent que les nuages semblent suivre la barrière.
🧭 la zone à l’Ouest de la barrière est bien plus nuageuse que celle de l’Est
🌊 pourtant la zone Est est plus susceptible de bénéficier d’entrées marines
Une étude du phénomène menée à partir de 2005 par l’université d’Alabama et publiée en avril 2011 dans “Journal of Geophysical Research Atmospheres” (https://www.researchgate.net/publication/241528032_The_role_of_land_use_change_on_the_development_and_evolution_of_the_west_coast_trough_convective_clouds_and_precipitation_in_Southwest_Australia) montre que c’est en fait le changement d’affectation des sols qui est à l’origine du phénomène. Il pleut moins sur des plantes annuelles aux racines moins profondes et à l’étalement temporel et spatial moins varié, que sur la végétation native plus variée et ce malgré les lapins !