Comment la mobilisation communautaire restaure les rivières du Rajasthan.

L’Inde subit l’assèchement des nappes phréatiques, la dégradation des sols et les températures extrêmes. L’alimentation en eau y dépend étroitement des épisodes de pluies extrêmes de mousson. Les systèmes de stockage de l’eau de pluie sont donc incontournables, surtout au Rajasthan où 84% des nappes phréatiques ont une salinité élevée. Cet État est en première ligne, avec son climat (aride à semi-aride) et sa faible pluviométrie..
En Inde, les initiatives communautaires sur la gestion durable de l’eau fleurissent, en particulier au Rajasthan. Plusieurs vidéos mettent à l’honneur cette mobilisation, dont celles d’Andrew Millison. L’excellent Water Stories revient sur le parcours de Rajendra Singh, le « Waterman of India ».
Travailleur social dans un village reculé du Rajasthan, il a constaté dans les années 1980 les dégâts provoqués par l’abandon des techniques traditionnelles de gestion de l’eau. Il a réalisé l’inefficacité des méthodes modernes et coûteuses de gestion de l’eau (grands barrages et puits profonds). Les nappes phréatiques se vidaient, les rivières s’asséchaient et les habitants étaient contraints de migrer vers les villes.
Il a alors entrepris de redéployer les johads, des bassins de rétention d’eau traditionnels. Ces ouvrages en terre et en pierre, construits par les villageois, recueillent l’eau de pluie, qui s’infiltre lentement et recharge les nappes phréatiques. Des arbres sont plantés autour des plans d’eau pour diminuer l’érosion et améliorer l’infiltration. Surtout, ces johads, peu coûteux, sont construits par les communautés locales qui ont été formées à la gestion durable de l’eau. Des comités de l’eau supervisent les réseaux.
Ces travaux ont amélioré la productivité agricole et la sécurité alimentaire, les villageois exilés ont pu rentrer. Cela a également profité à la biodiversité. Surtout, 13 rivières asséchées ont recommencé à couler. La zone a fortement verdi. Le retour des nuages, permis par un meilleur stockage de l’humidité, a engendré de meilleures pluies. Selon Singh, le climat s’est même stabilisé dans la zone (voir la Publication “Drought, Flood and Climate Change” depuis la page : https://tarunbharatsangh.in/impact/).
Ces progrès spectaculaires ont valu le “prix Nobel de l’eau” à Rajendra Singh en 2015. Celui-ci insiste sur le fait que ces progrès reposent sur des initiatives communautaires, pas gouvernementales ou privées. Ces solutions ont essaimé à travers le territoire. Singh met également en avant le faible coût de ces infrastructures, alors que plus d’un million d’habitants ont bénéficié de la construction de 250.000 johads.
Avec l’intensification des épisodes de pluie extrême en France dans les décennies à venir, la gestion de l’eau doit aussi évoluer en France. Météo France prévoit une augmentation de 15 à 20% de ces épisodes intenses. Les techniques “d’hydrologie douce” doivent se généraliser pour gérer la ressource et résister aux sécheresses croissantes.
