L’agriculture de conservation (AC ou ACS) présente de nombreux avantages. Alors que l’humidité des sols est centrale pour le climat et que l’agriculture occupe de larges surfaces (54% du territoire français), l’AC constitue une des seules techniques agroécologiques et mécanisables à même d’optimiser les interactions sol-climat.

L’AC est fondée sur trois piliers : couverture permanente des sols, diversification des cultures et absence de labour (ou travail très superficiel des sols). Créée aux Etats-Unis après le Dust Bowl, l’agriculture de conservation améliore la santé des sols. Elle est particulièrement utile face à l’érosion (hydrique et éolienne). Pour autant, alors qu’au moins un tiers des sols est dégradé dans le monde, ces pratiques peinent à se généraliser, malgré des progrès notables, en France notamment. Dans son récent rapport, le Shift Project prône d’ailleurs son développement.
Généralement, les exploitations appliquent un des piliers, mais rarement les trois. L’AC se caractérise par sa technicité et par l’hétérogénéité des pratiques, en fonction des climats et des sols. Le Graal pour tout praticien est de parvenir à l’agriculture biologique de conservation (ABC). En France, Konrad Schreiber, ainsi que les Décompactés de l’ABC (avec notamment Quentin Sengers), travaillent à se passer d’intrants chimiques et du labour.
Voir à ce sujet la chaîne Youtube de Verre de Terre Production et l’excellent état de la recherche par Wiki Triple Performance.
L’agriculture de conservation limite sensiblement l’érosion : la vitesse d’infiltration de l’eau double en moyenne selon une étude ARVALIS publiée par l’INRAE. Les surfaces couvertes en permanence lissent les effets des épisodes de pluie extrêmes. L’AC augmente de 15 à 20% l’efficience d’utilisation de l’eau par rapport aux systèmes traditionnels, voire jusqu’à 45%. En effet, plus d’eau s’infiltre, moins d’eau est perdue par l’évaporation du sol et le ruissellement. Qui plus est, l’AC favorise le développement racinaire. En ne perturbant pas la vie du sol, les vers de terre et microorganismes y prospèrent. Les interactions sol-plante-microorganismes sont favorisées, ce qui améliore l’utilisation de l’eau.
En 2012, les Etats-Unis ont connu une grave sécheresse. Pourtant, une “augmentation moyenne du rendement de 9,6 % pour le maïs cultivé après une culture de couverture et une augmentation de 11,6 % pour le soja” [8] a été reportée par les agriculteurs en AC, grâce à l’augmentation de l’humidité des sols. Le coût des couverts végétaux est alors couvert par les cours agricoles élevés. L’AC a donc des impacts économiques et de résilience évidents.
Dans une perspective territoriale, l’AC en renforce la robustesse et bénéficie au climat. Des sols couverts en permanence favorisent une évapotranspiration régulière. Une meilleure humidité des sols accroît les probabilités de précipitations. Enfin, les risques d’inondations sont atténués.
Généraliser l’agriculture de conservation, et, plus globalement, toutes les approches permettant l’intensification agroécologique, devient urgent.
