La biodiversité au secours des rendements agricoles ?

Dans un contexte d’essoufflement des rendements agricoles, plusieurs expériences de terrain montrent que favoriser la réintroduction de la biodiversité pourrait aider à inverser la tendance.

Un article du Monde d’octobre 2024 présente les travaux de l’écologue Marie-Charlotte Anstett, qui a réintroduit des insectes pollinisateurs sur des cultures de cassis en chute de productivité en Bourgogne, avec des résultats spectaculaires : les rendements des pieds concernés sont en effet désormais “plus de trois fois plus importants que ceux des plants témoins” !

Le directeur de recherche au CNRS Vincent Bretagnolle a également travaillé sur ce sujet dans sa zone atelier des Deux-Sèvres. Il a notamment étudié en situation l’impact des pollinisateurs sur les rendements des cultures de colza et de tournesol.

Les conclusions, basées sur plusieurs centaines de parcelles étudiées sur quatre années successives, indiquent qu’abeilles et pesticides sont à peu près équivalents dans leur capacité à augmenter les rendements, affirmait en 2019 le chercheur. Mais d’un point de vue économique, les abeilles sont plus efficaces, tout simplement parce qu’elles sont ‘gratuites’.”

Le rôle décisif joué par les pollinisateurs dans le développement des végétaux a par ailleurs été abondamment étudié par la science. En 2016, un rapport de l’IPBES affirmait que 75% de nos cultures alimentaires et près de 90% des plantes sauvages à fleurs dépendent, au moins en partie, de la pollinisation par les animaux.

Certains agronomes contestent toutefois la validité scientifique d’une corrélation directe entre pollinisation et rendements, qui reposerait sur des “simplifications abusives” liées aux écueils des méthodes statistiques utilisées. Ces limites doivent être prises en compte. Il n’existe pas de solution miracle au problème agricole.

Continuer à explorer la piste d’une agriculture en meilleure harmonie avec le vivant, comme le fait depuis plus d’une vingtaine d’années The Jena Experiment, n’en demeure pas moins pertinent. Implantée en Allemagne, sur un terrain de 10 hectares divisé en 400 parcelles, cette initiative lancée en 2002 étudie les processus écosystémiques sur le long terme, dans une perspective agricole.

https://www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/agriculture-et-biodiversite/

Ces recherches ont notamment mis en évidence les interactions positives entre espèces végétales et animales, qui ne se limitent d’ailleurs pas aux pollinisateurs. Ces recherches indiquent que la réintroduction d’une variété végétale permet de réamorcer un cycle vertueux de développement d’espèces interdépendantes.

Le projet de l’Autoroute de la Pluie, qui cible notamment l’implantation de 40 arbres par hectare, s’inscrit résolument dans cette approche : proposer des solutions fondées sur la nature pour favoriser le retour de la biodiversité sur des territoires qui souffrent de sa disparition.