Saviez-vous que, comme les animaux, les végétaux migrent ?
Dans un épisode de l’émission La Terre au carré, l’écologue Didier Alard présente plusieurs stratégies de migration employées par les plantes à travers l’histoire de notre planète.

Comme l’explique le chercheur, les récents progrès des techniques d’analyse (imageries satellitaires, études de parenté à partir de marqueurs génétiques…) ont permis une meilleure compréhension de ces phénomènes.

Contrairement à ce que l’on observe chez les animaux, il n’existe pas d’individus migrateurs chez les végétaux, nécessairement figés. Le déplacement spatial passe par la génération n+1 et la migration se fait “par petits pas intergénérationnels, qui aboutissent finalement à traverser un continent sur des milliers de kilomètres”, décrit Didier Alard.

Dans l’histoire de ces migrations, l’apparition de la graine comme moyen de reproduction, il y a plus de 350 millions d’années, a joué un rôle décisif. Alors que jusque-là, les végétaux dispersaient leur gamètes “comme des petits spermatozoïdes dans la nature”, les plantes à graine ont inventé le principe de la fécondation interne.

Souvent enveloppées dans des fruits, les graines constituent des instruments très efficaces de dissémination. Pour déplacer ces dernières et conquérir de nouveaux territoires, les plantes ont multiplié les stratégies et utilisé différents alliés de circonstance, comme le vent, qui permet par exemple aux graines de pissenlit de voyager sur des dizaines de kilomètres, ou l’eau, vecteur de migration de la noix de coco entre autres.

La migration des végétaux s’est aussi souvent réalisée en coévolution avec des groupes animaux (insectes, oiseaux, mammifères). Didier Alard cite ainsi la technique du velcro, employée par différentes plantes (benoîte, bardane, gaillet) pour voyager en s’accrochant à la fourrure d’animaux.

D’autres espèces, comme le gui, misent sur des stratégies différentes : les graines ou les fruits qui les contiennent sont ingérés par des animaux qui les excrètent ensuite dans d’autres milieux où elles pourront proliférer.

L’être humain a lui aussi participé activement à cette dissémination, depuis le chasseur-cueilleur, qui transportait des plantes d’un endroit à un autre, jusqu’à l’ère moderne. “On passe notre temps à véhiculer des graines un peu partout, sous nos chaussures ou par les transports”, illustre l’écologue.

Loin de se faire au hasard, la migration des végétaux répond le plus souvent à des impératifs environnementaux, notamment l’évolution du climat. La période actuelle représente donc un défi majeur, résumé par Didier Alard en une interrogation : “Les plantes sont-elles assez rapides pour s’adapter au changement climatique ?

Si la migration des plantes a toujours existé, il semble aujourd’hui crucial d’accompagner ce mouvement, par exemple en favorisant l’introduction d’espèces pionnières dans des écosystèmes très dégradés ou en voie de transformation accélérée.