Une masse d’air qui passe au-dessus d’une végétation abondante produit au moins deux fois plus de pluie qu’une masse d’air passant au-dessus d’une végétation plus clairsemée.

L’étude “Observations of increased tropical rainfall preceded by air passage over forests” date de 2012. Elle a été réalisée par des chercheurs britanniques : Spracklen, Arnold et Taylor. L’étude se base sur des données de télédétection par satellite des précipitations et de la végétation tropicale, combinées à des modèles de transport atmosphérique simulés. Elle concerne plus de 60 % de la surface des terres tropicales (latitudes 30°S à 30°N) et porte sur tous les évènements pluvieux entre 2001 et 2007.

Cette étude se veut empirique et démontre que “l’air qui est passé sur une végétation abondante au cours des quelques jours précédents produit au moins deux fois plus de pluie que l’air qui est passé sur une végétation peu abondante”. Cette démonstration corrobore le fait que l’évapotranspiration a une grande importance pour l’alimentation de l’humidité atmosphérique.

Dans l’approche de génie agroécologique que nous entendons promouvoir, ce constat est particulièrement important. Il vient corroborer les idées du regretté chercheur espagnol Millán M. Millán, que nous avons déjà exposées . Celles-ci sont relativement simples et logiques : le cycle de l’eau autour de la mer Méditerranée a été fortement perturbé par l’urbanisation incontrôlée des littoraux, qui a entraîné une importante diminution de la végétation. En effet, Millán M. Millán explique que la brise qui arrive de la mer a une teneur en humidité insuffisante pour précipiter. C’est le passage au dessus des forêts côtières qui permet à ces masses d’air d’atteindre le point critique permettant de générer la pluie.

Ces idées sont donc confortées par l’étude empirique de Spracklen et al. Il reste à en tirer les conséquences pour mettre en application une politique d’aménagement du territoire susceptible, à minima, de ne pas davantage endommager le fonctionnement du cycle de l’eau dans les espaces littoraux.

A cet égard, un projet initié par Nick Steiner et d’autres activistes pour restaurer le cycle de l’eau dans la péninsule ibérique apparaît comme particulièrement prometteur. Ils entendent sensibiliser et gagner à leurs causes les gestionnaires de lieux d’accueil touristique pour qu’ils y déploient des pratiques agroécologiques et de régénération. Ceci permettrait d’alimenter localement le cycle de l’eau afin, in fine, de le réparer à l’échelle de la péninsule.

De la même manière, il est urgent de déployer des pratiques agroforestières dans les Pyrénées Orientales, mais aussi dans l’Aude, l’Hérault et le reste des départements méditerranéens. Toutefois, la situation y est déjà très dégradée et il serait peut-être souhaitable, en premier lieu, d’y déployer les techniques de conservation des sol et des eaux éprouvées au Sahel.