
En 2024 Franck Courchamp, a consacré un cours au Collège de France sur les invasions biologiques. La question de savoir pourquoi les invasions biologiques étaient moins considérées que d’autres menaces y a été largement débattue.
Éprouvons-nous une familiarité avec ces espèces capables de conquérir des continents inconnus ? Estimons-nous qu’elles ont un rôle messianique de rédemption et de reconstruction ? Il y a moins de débat lorsqu’il s’agit du moustique tigre que des perruches. Il y a quelques temps, une intervention de Gérard Ducerf sur la Renouée du Japon avait suscité pas mal de polémiques : le problème est-il la plante ou les sols pollués sur lesquels elle prospère ?
Pour illustrer cette ambivalence, évoquons trois arbres exotiques envahissants qui font partie de nos paysages.
Le Paulownia tomentosa est originaire d’Asie. Il est introduit en Europe à la fin du 18e siècle. Il est utilisé comme fourrage et bois d’œuvre.
- son régime de photosynthèse permet une croissance hors normes
- sa capacité à germer sur du béton et à fixer l’azote de l’air en font un pré-pionnier, très agaçant pour les services de la voirie.
L’agroforesterie à base de Paulownia est traditionnelle en Asie. Elle se base sur des espèces hybrides.

Le Robinier Faux Acacia (Robinia pseudoacacia) est souvent pris pour une espèce native.
- originaire d’Amérique du Nord, il est introduit en Europe en 1601 par un botaniste du roi Henri IV
- il est plantés pour ses fleurs mellifères
- son bois imputrescible et dur sert à la confection de piquets.
- sa capacité à croître et à fixer les sols pauvres et érodés en font un allié précieux.
Mais, il s’agit d’un arbre drageonnant, dominant dans les milieux ouverts. Il n’est donc pas viable en agroforesterie.
L’Ailante (Ailanthus altissima) est sans doute le champion des espaces pollués.
- originaire de Chine, il s’est répandu en Europe dans les décombres de la seconde guerre mondiale.
- connu pour sa croissance très rapide et son caractère envahissant, Il peut atteindre jusqu’à 25m de haut mais vit rarement plus de 50 ans.
Sa capacité à résister à la sécheresse en fait un arbre exceptionnel
- Système racinaire très développé, qui lui permet d’aller chercher l’eau en profondeur
- Feuilles larges et composées, qui permettent d’assurer sa photosynthèse même sous forte chaleur.
- Il est capable de survivre à des températures extrêmes
- Il tolère la salinité, la pollution et, surtout, de longues périodes de sécheresse.
A notre connaissance, il n’a pas d’autres usages que la production de biomasse.
La science nous appelle à nous méfier des espèces exotiques envahissantes. Cela n’empêche pas de comprendre comment certaines d’entre elles arrivent à conquérir des milieux dans lesquels tout semblait perdu. Notamment l’ailante, qui reste verte dans des milieux arides. Et ça, ça pose question.
