Initiative de réappropriation climatique

Catégorie : Agroécologie

59 % de la vie dans le sol

Dans un article d’août 2023, sous la direction de  l’écologue Mark Anthony (Enumerating soil biodiversity https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2304663120), les chercheurs ont pu déterminer que la plus grosse partie de la vie sur terre ne réside ni dans les forêts, ni dans les océans, mais dans les sols. Cette étude en complète une de 2018 sur la distribution de la biomasse terrestre (The biomass distribution on Earth https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1711842115). Étude qui montrait, au passage, que la biomasse de la terre avait décliné de 50 % depuis le début de la civilisation humaine.

Photo de Oliver Meckes et Nicole Ottawa, National Geographic

Ici, dans ce débris végétal, on observe un ver polychète et deux espèces d’acariens, des mousses et des champignons. Leur existence, leur action mais aussi leurs excréments et leurs cadavres vont contribuer à aggrader le sol, favoriser la croissance des plantes et développer l’écosystème. Prendre soin des sols, c’est construire la biodiversité.

Quand on parle de biodiversité, on pense souvent à la faune en danger : ours polaires sans banquise, orang-outan sans forêts, migration des gnous bloquée par l’autoroute … etc. Mais la majorité du vivant est constitué de petites choses, bactéries, amibes, protozoaires, champignons, acariens, collemboles, nématodes, radicelles, mycorhizes, que l’on trouve dans le sol.

➖ les sols sont artificialisés 🅿️ 🛣️ : un sol c’est avec des plantes  ☘️ dessus et de l’eau 🚰 dedans. Autant de propriétés qu’on enlève avec le revêtement et le drainage. Sans plantes, sans eau, pas de matière organique ni de sucre pour nourrir le vivant. 

➖ les sols sont compactés 🚛 🚜 🦖: à force de rouler dessus avec des engins de plusieurs tonnes, de les retourner dans tous les sens, d’enlever les cailloux, de désherber, de terrasser, de minéraliser la matière organique, la porosité, c’est à dire la capacité à faire circuler de l’air, de l’eau, du mycélium et des racines, disparaît et avec elle, la vie.

➖ les sols sont pollués : entre les déchets industriels, les poubelles, le plastique issu des pneus, les dépôts de particules  et l’épandage de produits, la vie dans les sols est soumise à rude épreuve. Situation d’autant plus dommageable qu’elle est inextricable. La pollution qui n’est pas fixée dans les sols part dans l’eau ou dans l’atmosphère. 

➖ les sols sont érodés : en perdant leur vie, en brûlant au soleil, les sols perdent leur cohérence et leur structure et finalement sont emportés par la pluie et le vent.

Comment parvenir à végétaliser de grandes surfaces ?

Dans une synthèse de 2020 (https://www.fondationbiodiversite.fr/wp-content/uploads/2021/12/FRB-Synthe%CC%80se-plantations.pdf), la @Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) revient sur le projet de Grande muraille verte initié par le très charismatique président du Burkina Faso, Thomas Sankara, au milieu des années 80.

La grande muraille verte (source ONU)

Suite aux grandes sécheresses qui ont sévi au Sahel dans les 60 et 70, une plantation continue de 7000 km d’arbres est lancée. Son but est de contrer l’avancée du désert.

Même si le désert n’avance pas vers le sud comme on pouvait le craindre, reverdir le Sahel reste un objectif important comme le souligne le GIEC dans ce rapport de 2022 (https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter07.pdf page 74).

Mais ce projet a englouti des sommes faramineuses pour un résultat souvent décevant. Les arbres plantés ne sont pas adaptés, pas entretenus et meurent. Paradoxalement, seules les plantations à visée commerciale réussissent.

Cet échec à plusieurs causes. Notamment, le choix des essences souvent peu à même de survivre sans entretien. Mais c’est surtout le régime foncier et le statut de l’arbre qui sont les principaux obstacles. Par l’effet d’un reliquat du droit colonial, l’agriculteur n’est pas propriétaire des arbres sur les parcelles qu’il exploite. Sa présence n’est donc qu’une contrainte. C’est la levée de cet obstacle social qui permettra au projet de vraiment décoller.

Parallèlement, certains agriculteurs développent une forme d’agriculture originale, le Zaï, qui favorise la germination des graines d’arbres déjà présentes dans le sol. De cette conjonction de facteurs émergera la pratique du bocage sahélien qui fait le succès du verdissement du Sahel.

L’agronome australien Tony Rinaudo, à qui Arte a consacré un documentaire (The Forest Maker) a contribué à favoriser la diffusion de cette pratique oubliée dans les années 80. Il a commencé à appliquer cette pratique au Niger, après plusieurs années de vains efforts de reforestation. En impliquant les communautés villageoises, les résultats y ont été spectaculaires : « Dans les années de sécheresse, les récoltes étaient infiniment plus abondantes sous les arbres… Je ne sais pas comment le principe s’est disséminé, mais de paysan en paysan, le mot a circulé tant et si bien qu’en une vingtaine d’années, ce sont 200 millions d’arbres qui ont poussé au Niger, sans en planter un seul. »

Favoriser l’émergence de la végétation spontanée s’appelle la régénération naturelle spontanée. Cette approche permet de végétaliser les espaces solidement et à peu de frais, puisque c’est le stock de graines déjà en place qui va s’exprimer. 

Mais ce que montre cette expérience c’est que si la régénération est spontanée, le démarrage du processus ne peut se faire que lorsque les conditions agronomiques et sociales sont réunies. Que seraient ces conditions dans la France d’aujourd’hui ? Nous essaierons dans de prochains post de le définir et de tracer un chemin pour y aboutir.

Un paysage, c’est toujours mieux en 3D !

Au-delà de l’aspect visuel,  un paysage hétérogène permet de créer de l’ombre sur des surfaces végétalisées. Nous avions déjà évoqué l’ombre intermittente des Dogons.

Cela permet de condensent l’humidité de l’air ou pourrait-on dire, fabriquer de l’eau.

Comment ?

Dès que  la température de l’air est inférieure au point de rosée, les molécules d’eau gazeuses s’agglomèrent aux molécules d’eau liquide. L’ombre en permettant de gagner quelques degrés crée un point froid qui peut servir, si l’air est suffisamment chargé en humidité, de surface de déposition. Selon la plante, l’eau déposée sur les feuilles est ensuite absorbée directement puis drainée via les tubes du phloème sous forme d’exsudat racinaire (certains champignons, qui attendaient là quelque chose de plus sucré peuvent même faire accélérer le mouvement). Elle peut également simplement ruisseler jusqu’au sol par l’effet de la gravité.

Faire de l’ombre sur un sol couvert de végétation est important. Dans un paysage fortement stratifié, les plantes du dessus  évapotranspirent (par des stomates placées sous les feuilles) et  chargent l’atmosphère d’une eau que les plantes du dessous (à l’ombre) peuvent récupérer.

Le matériel végétal possède une inertie thermique moindre que celle du sol. Il  refroidit rapidement. Ainsi, Hervé Covès a pu constater qu’il est possible de condenser jusqu’à 3 mm de rosée par jour, y compris en période de canicule, dans un paysage stratifié, alors qu’il ne se passe rien dans une forêt au sol nu!

Comble du raffinement,  les plantes ont inventé un moyen d’accélérer l’initialisation du processus en dotant leurs feuilles de petites pointes de structures hydrophile (-OH). Ainsi, pas besoin d’attendre que les premières molécules trouvent une place ou s’accrocher. 

Et si c’était en coupant la végétation que l’on asséchait les forêts et le climat?

🌳🌱La végétalisation massive d’un territoire peut-elle en modifier le climat? 🌦️🌧️

Le cas du reverdissement massif du plateau de Loess, en Chine, se révèle instructif pour répondre à cette question. En effet, pour lutter contre l’érosion des sols, une zone d’une taille équivalente à la Belgique y a été massivement revégétalisée depuis les années 1980, sur la base d’une approche agroécologique (permaculture et agroforesterie). Les résultats y sont spectaculaires, tant en termes d’activité végétale que d’amélioration de la situation économique des paysans du territoire. Mais qu’en est-il en termes de pluviométrie, et donc de climat ?

Selon certaines études, l’accroissement de la surface végétalisée fait augmenter l’évapotranspiration dans la zone, et donc in fine la disponibilité en eau. Cette vision des choses se retrouve dans d’autres analyses consacrées aux liens entre végétation et eau. Selon cette approche, il ne faudrait pas trop favoriser la végétation, au risque d’assécher les cours d’eau d’un territoire.

Cependant, dans le cas du plateau de Loess, une étude récente “Revegetation Does Not Decrease Water Yield in the Loess Plateau of China” fait ressortir les points suivants:

  • L’apport en eau de surface ne diminue pas sur le plateau de Lœss après la revégétalisation.
  • L’augmentation plus rapide des précipitations régionales l’emporte sur l’évapotranspiration accrue.
  • La revégétalisation accélère le recyclage local de l’humidité et contribue à l’augmentation des précipitations.

Une autre étude “The role of ecosystem transpiration in creating alternate moisture regimes by influencing atmospheric moisture convergence” a été réalisée par Anastassia M. Makarieva (co-autrice de la théorie de la pompe biotique) et d’autres chercheurs. L’étude juge qu’”une fois qu’un stade plus humide est atteint, une végétation supplémentaire améliore la convergence de l’humidité atmosphérique et le rendement en eau.”
Dit autrement, la végétalisation massive d’un territoire peut conduire à en modifier sensiblement le climat, pour en améliorer la teneur en humidité.

Fort de ces constats, il apparaît que des politiques judicieuses de déploiement des techniques agroforestières et agroécologiques de grande ampleur permettraient de faire face aux processus de dessèchement en cours.

Le massacre des prairies

En nous basant sur le rapport de l’Agreste sur l’occupation du sol entre 1982 et 2018 (https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Dos2103/Dossiers%202021-3_TERUTI.pdf) nous avons pu constater que la France métropolitaine, malgré une augmentation des surfaces forestières, perd  450 terrains de foot ⚽ par jour de végétation pérenne depuis 40 ans ! Soit au total 4.12 million d’hectares ou 7.5% de la surface (et encore on a considéré au bénéfice du doute que “Autres sols artificiels” correspondait aux talus, parcs et jardins). 

On est loin de l’image d’un territoire en train de se renaturer. Les principales mutations qu’on observe sont l’artificialisation des terres et le retournement des prairies.

Évolution en millions d’hectares des surfaces sans végétation pérenne : 

  • Champs : +2,69
  • Bâtit et revêtus : +1,26
  • Eau : +0,17

Évolution en millions d’hectares des surfaces avec végétation pérenne : 

  • Forêts : 1,39
  • Autres sols artificiels : 0,78
  • Vignes / Vergers : -0,42
  • Landes : -0,57
  • Haies : -0,69
  • Prairies  : -4,61

Ce qu’on comprend au travers cette étude, c’est que s’il est essentiel de  protéger les terres agricoles 🚜 de la prédation des villes 🏢, il faudrait aussi protéger les prairies 🐑 🐄 du retournement 🚜. Car des plantes annuelles qui fonctionnent quelques mois de l’année comme le blé, le maïs, la betterave ou le tournesol ne remplacent pas un mélange de plantes pérenne du point de vue des services écosystémiques. 

Cette illustration issure du site https://dyckarboretum.org/ nous montre la puissance des plantes prairiales (le gazon est tout à gauche) 

Le premier effet climatique de l’arbre, c’est l’ombre ! 

Sur cette photo, on peut observer que l’ombre des arbres à permis au couvert de se développer, alors qu’en plein soleil rien n’a poussé.

Le pays Dogon est une région d’Afrique de l’Ouest qui s’étend de la falaise de Bandiagara au Mali jusqu’au sud-ouest de la boucle du Niger.

Par Ferdinand Reus — Flickr [1], CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4633267

Les techniques agricoles des Dogons révèlent des modes d’adaptation particulièrement compatibles avec les conditions arides. Parmi elles, la pratique de l’ombre intermittente qui consiste à parsemer le paysage de juste ce qu’il faut d’arbres pour protéger les récoltes sans les empêcher de grandir.

☀️Garantir les récoltes malgré les canicules et les sécheresses (les cultures produisent 40 % de mieux sous une ombre arborée bien gérée qu’en plein soleil)

🔥 Produire du bois pour l’énergie et la construction sans décimer les forêts

🍃 Produire du fourrage pour les animaux 

Dans ce système agroforestier, la densité est de seulement 40 arbres à l’hectare. Le Faidherbia Albida, un arbre de la famille des légumineuses (Fabaceae) est au centre du dispositif.

Image Jean-Luc Galabert

📗 La synthèse de Jean-Luc Galabert sur l’agriculture Dogon https://lavierebelle.org/techniques-dogons-de-recolte-de-l

📘 Une étude du cirad sur le Faidherbia Albida au sénégal https://agritrop.cirad.fr/391622/1/document_391622.pdf

📙 The Dogon intermittent shade (article de Roland Bunch) https://www.oneearth.org/case-study-1-the-dogon-intermittent-shade/

Les plantes consomment-elles de l’eau ?

Ces graphes remettent en cause une idée reçue ! Celle que les plantes consomment de l’eau.

Les plantes utilisent l’eau. Mais quelle que soit la saison, il y a plus d’humidité dans un sol couvert que dans un sol nu. 

C’est en tout cas ce qu’expose Russell Hedrick.

Il  montre les effets très positifs des couverts végétaux sur l’humidité des sols. On n’en doutait un peu, mais son travail sur le sujet qui est parfaitement objectivé par un système de mesures précises permet de confirmer l’intuition.

Les écarts sont très net. Vous pouvez simplement comparer les deux graphes. La vidéo détaille  le protocole et l’arsenal utilisé. Ce travail permet aussi, de nuancer fortement le dogme du  sol couvert qui ne se réchauffe pas au printemps, c’est par ici:

👉  https://youtu.be/pE4TmCrLJvs?t=1084

Des mesures précises et un suivi régulier sont le préalable à des résultats sans équivoque 👏

Piloter son activité par des données objectives et se convaincre de la pertinence d’une nouvelle approche  ne nécessite pas forcément de gros moyens :

🥛quelques bon vieux pluvios/verres/seau/pot de fleurs/tubes qu’on relève chaque jours pour savoir où il pleut et combien. 

🌡️des thermomètres placés à des endroits stratégiques pour connaître la température au soleil, à l’ombre, sur et dans le sol.  

🎂un four et une ⚖️ balance pour évaluer l’humidité du sol et la matière sèche des plantes

 🚰 un bocal et une monte ⌚ pour tester sa structure du sol

🚸 des enfants pour compter les vers de terre

📖 un cahier pour noter ses résultats (ou un fichier Drive, pratique pour les graphs!)

Bien évidemment des outils de mesures perfectionnées et un encadrement scientifique, comme dans cette vidéo  facilitent la vie. Ils procurent des données étalonnées et précises. Ils évitent aussi d’avoir à solliciter le voisin chaque fois qu’on s’absente. 

Mais l’important n’est pas que les mesures soient exactes. C’est qu’elles soient réalisées au même moment pour toutes les modalités, répétées et reproductibles (ne pas hésiter à mesurer plusieurs fois pour évaluer l’intervalle de confiance et être critique sur son travail). 

Ainsi, on peut évaluer ce qu’on fait grâce à des critères objectifs et mettre en évidence leur bienfait, ou non, voire comme ici remettre en cause une idée reçue.

Reste maintenant à comprendre pourquoi malgré le besoin d’eau des plantes, leur présence favorise l’humidité des sols (et la dessus on a notre petite idée 😉) 

Et si l’arbre était plus qu’un simple élément de décor du paysage?

Image réalisé par trogne.fr

🌻 accueil de la biodiversité : les arbres fournissent un habitat précieux pour de nombreuses espèces animales. Ils abritent une biodiversité incroyable : insectes, amphibiens, rongeurs, oiseaux. Ils cultivent dans leurs racines un microbiote pléthorique et de nombreux champignons

🍒 production de fruits et de bois : l’utilisation des arbres pour produire des matériaux, de l’energie et des denrées offre des possibilités infinies. En comparaison à d’autres cultures, les arbres demandent très peu d’efforts

⛈️ rôle climatique : l’un des rôles les plus importants des arbres est leur capacité à produire de l’oxygène. Grâce au processus de photosynthèse, les arbres absorbent le dioxyde de carbone et libèrent de l’oxygène. Ils jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique en capturant et en stockant de grandes quantités de carbone. Ils protègent du vent et créent de l’ombre et de la fraîcheur.

🐝 favoriser les auxiliaires : les arbres constituent des réservoirs d’auxiliaires prêts à intervenir. Larves de syrphes et de coccinelles prêtes à dévorer des pucerons, chauve-souris contre les moustiques, punaises se nourrissant de psylles.

⛰️ paysages : le simple fait d’être entouré d’arbres réduit le stress. Celui des humains. Celui des animaux. Celui des plantes. L’irrégularité des parcs et des forêts permet de s’aérer et de se détendre. Ils contribuent à notre santé.

🍞 agronomie : l’effet des arbre sur la vie et la fertilité des sols est établie par la pratique de l’agroforesterie. Le bocage et les joualles en sont des formes traditionnelles.

🚿 rétention de l’eau : les arbres jouent un rôle crucial dans le cycle de l’eau. Leurs racines absorbent, filtrent et infiltrent. Ils stoppent l’érosion. La condensation et l’émission de pollens jouent un rôle essentiel dans la survenue des pluies

🐄 bien être animal : des arbre dans un pré, abrite les animaux des intempéries. Il leur permet de se gratter et leur fournit la matière ligneuse dont ils ont besoin.

Planter des arbres forestiers, urbains, champêtres, soutenir la gestion durable des forêts, promouvoir la régénération naturelle, la reforestation, lutter contre la déforestation sont des actions essentielles.

Les lapins🐇font-ils tomber la pluie ☔ ?

Dans une conférence intitulée “Les déclencheurs biologiques de la pluie” donnée  dans le cadre du Festival Jardin Forêt (merci Samuel Bonvoisin), Cindy Morris relate comment une variation du régime de pluie a été constaté dans le sud ouest australien lors du développement de la culture du blé.

A Nöel 1859, 24 lapins Anglais arrivent à Melbourne comme cadeau pour Thomas Austin qui souhaitait introduire ces créatures dans sa propriété : “Quelques lapins pourraient faire peu de dégâts et donner un peu de réconfort, en plus d’être un endroit pour chasser”. Comme le fait remarquer science (https://www.science.org/content/article/19th-century-farmer-may-be-blame-australia-s-rabbit-scourge) l’expérience a réussi au-delà de toute espérance ! A tel point qu’en 1887, Louis Pasteur propose d’utiliser le choléra des poules pour réduire la population de ces rongeurs  en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cette idée débouchera sur la création et la dispersion de la Myxomatose, redoutable mais insuffisante. Aujourd’hui encore la pullulation des lapins coûte des millions de dollars par an aux agriculteurs Australiens. 

Venons en aux pluies. 

En désespoir de cause, pour développer la culture du blé, l’Australie occidentale décide en 1901 de déployer une barrière de 3250 km pour se protéger des nuisibles. C’est la State Barrier Fence of Western Australia qui existe toujours.  A l’ouest de la barrière c’est la plaine australienne native, à l’Est des champs de céréales à perte de vue. Quelques temps après, des chercheurs remarquent que les nuages semblent suivre la barrière.

🧭 la zone à l’Ouest de la barrière est bien plus nuageuse que celle de l’Est

🌊 pourtant la zone Est est plus susceptible de bénéficier d’entrées marines

Une étude du phénomène menée à partir de 2005 par l’université d’Alabama et publiée en avril 2011 dans “Journal of Geophysical Research Atmospheres” (https://www.researchgate.net/publication/241528032_The_role_of_land_use_change_on_the_development_and_evolution_of_the_west_coast_trough_convective_clouds_and_precipitation_in_Southwest_Australia) montre que c’est en fait le changement d’affectation des sols qui est à l’origine du phénomène. Il pleut moins sur des plantes annuelles aux racines moins profondes et à l’étalement temporel et spatial moins varié, que sur la végétation native plus variée et ce malgré les lapins !

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