Une agroforesterie d’urgence pour une agroforesterie de long terme !
4 – Les pionniers ouvrent la voie qui mène de l’urgence à la pérennité

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Comment cette première génération d’arbres, imparfaite et parfois inadaptée, prépare-t-elle la voie à une agroforesterie pérenne, et pourquoi pas lucrative ?

Quand on plante en urgence, on choisit souvent des espèces robustes, faciles à multiplier, parfois peu adaptées à long terme.

Ces arbres pionniers jouent un rôle stratégique pour les jeunes plants issus de régénération naturelle assistée (RNA), de semis ou de plantation que l’on voudra installer par la suite.

  • Ils créent un microclimat protecteur : leur ombre réduit la température du sol, limite l’évaporation, protège les jeunes pousses de la chaleur et du vent.
  • Ils servent de rempart : les premiers arbres font écran contre les animaux, le bétail ou les intempéries.
  • Ils entretiennent localement la vie du sol et les trames mycorhiziennes forestières.

De plus, ils contribuent à créer une compétition positive qui booste la croissance (comme dans la méthode Miyawaki) et permettent de procéder à des perturbations (chop and drop). Ainsi, ils deviennent ce que Fabrice Bellard appelle des AFI (Architectes, Fondateurs, Ingénieurs) : des arbres dont la vocation est d’aider les autres à pousser.

La première génération d’arbres n’est donc pas toujours une fin en soi. Bien sûr, si vous êtes éleveur et que vous avez bouturé du mûrier ou du saule blanc, vous avez atteint votre objectif : planter du fourrage. Mais si votre objectif est de produire de l’énergie, du bois, des fruits, de l’huile ou quoi que ce soit d’autre, vous aurez enclenché un cercle vertueux qui vous conduit de l’urgence à la pérennité.

Et si vous ne souhaitez rien faire d’autre, il vous suffit de tailler de temps en temps vos alignements d’arbres pour éviter qu’ils ne gagnent sur vos prés et vos champs (un passage de dents les premières années pourra vous rassurer sur le fait que les racines plongent plutôt que de tracer). Vos boutures vont grandir et, sans doute, mourir vite ou stagner. Elles céderont alors la place à d’autres arbres, mieux en place et mieux adaptés.

Pour aller plus loin :