Nous ne voulons pas nous adapter. Nous voulons nous battre.

Lundi 11 août 2025, il faisait 41°C à l’ombre dans les rues de Toulouse. Une semaine avant, les Corbières brûlaient. Comme il y a trois ans, comme il y a deux ans, des forêts entières prennent les couleurs de l’automne, alors que nous passons à peine le 15 août. Des punaises par millions envahissent des villages : dommage inattendu de la culture du colza. Inattendu ? Lorsqu’on dit “chute de 60 % des populations d’insectes et d’oiseaux”, c’est bien de ça qu’on parle.
Tout prend des airs d’apocalypse, alors on s’adapte.
Ici, on remplace le Pommier par la Vigne. Là, la Vigne par l’Olivier. Ici encore, l’Olivier par l’Agave. On muscle les clims, on change les horaires, on débroussaille, on désalinise, on se chamaille pour l’eau. On raccourcit les cycles végétatifs pour passer entre deux canicules. On multiplie les plans d’adaptation : +4°C, +5°C. Pourquoi pas +20, +30°C ?
Tout ceci ne peut que déboucher sur un environnement de plus en plus aride. Le réchauffement court toujours et, comme pour nous enfoncer, nous créons un pays de bitumes brûlants, de landes désolées et de cactus. Nous appelons le désert. Et il vient. Il s’appelle canicules à répétition, sécheresses chroniques, forêts qui dépérissent et érosion.
Nous ne devons pas renoncer à un futur où l’eau et la végétation abondent. C’est ce qui fait la douceur du monde. Dans leur conquête de la surface, il y 400 millions d’années, les plantes et les champignons ont inventé le sol, c’est-à-dire la fertilité des terres noires, la diversité du vivant, l’eau des sources et des rivières et les endroits où il fait bon : l’abondance de la vie sur Terre. Nous ne devons pas y renoncer.
Au même titre que le climat, cette biodiversité est condamnée par nos agissements. Pourtant les chemins de sa régénération sont bien plus accessibles qu’un consensus sur le pétrole au sommet du G20. Chacun peut poser son tas de pierres, protéger la mauvaise herbe qui pousse au pied de sa maison, emmener ses enfants à la montagne ou en forêt et pourquoi pas investir dans de la belle agriculture, de la belle forêt, se faire élire dans sa commune, aider dans une association.
Chacun peut faire quelque chose et, ce qu’il y a de merveilleux avec la biodiversité, c’est qu’elle répond. Chaque geste, aussi infime soit-il, produit quelque chose de tangible : une plante qui pousse, une campagne qui renaît, un papillon qui est là et pourquoi pas, une pluie d’été.
Aujourd’hui, le seul avenir enviable passe par la régénération de cette abondance. Le reste n’est que chaleur et poussières. Les chemins de l’adaptation ne sont qu’un renoncement; une sorte de mort lente ; une anesthésie placide avant la cuisson finale. Soyons des bâtisseurs, soyons des faiseurs d’abondance, plutôt que de nous calfeutrer, rabougris, en consommant les restes du monde tout en cherchant qui accuser de nos échecs.
