Au Kenya, les programmes de plantations d’arbres par la communauté bénéficient aux agriculteurs, mais aussi au paysage.

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En moins de deux décennies, les plantations réalisées sous l’égide du programme TIST ont provoqué un verdissement de la région du Mont Kenya, comme le montre une étude publiée en 2021 par la revue Nature.

Lancé à la fin des années 1990 en Tanzanie, puis dans trois autres pays (Kenya, Ouganda et Inde), The International Small Group Tree Planting Program (TIST) incite des communautés locales à s’engager sur le terrain de l’agroforesterie et regroupe actuellement plus de 200 000 agriculteurs dans les quatre pays en question.

Vidéo cartographie évolutive des plantations TIST au Kénya : https://vimeo.com/327592668

Ce projet financé en grande partie par l’entreprise américaine Clean Air Action Corporation repose sur le principe du crédit carbone. Les agriculteurs participant au programme reçoivent une rémunération pour chaque arbre planté ou entretenu, et choisissent eux-mêmes les essences, de sorte que les bienfaits de ces plantations ne se limitent pas aux tonnes de CO2 captés par les arbres.

Au Kenya, les fermiers ont ainsi planté « un mélange d’espèces d’arbres, avec plus de 160 essences recensées, dont plus de 90 espèces indigènes ». Dans la plupart des cas, « la sélection des espèces est dominée par les arbres qui fournissent les produits les plus fiables, notamment le bois de feu, le fourrage pour les animaux et le bois de taillis, souvent complétés par des arbres fruitiers et à noix qui peuvent fournir des cultures de grande valeur ».

Les bénéfices de ces plantations ne se limitent pas aux débouchés commerciaux. Comme le souligne Nature, les arbres nouvellement introduits fournissent de l’ombre et permettent à la fois une réduction de l’érosion des sols et une meilleure pénétration de l’eau. En outre, ces plantations sont souvent associées à des pratiques d’agriculture de conservation qui favorisent cette régénération, avec pour effet un reverdissement du paysage.

A l’aide de données photographiques récoltées par le satellite Landsat 7 sur la période 2000-2019, des chercheurs de l’université d’Exeter ont tenté de mesurer l’impact des plantations issues du programme TIST sur le paysage dans la région du Mont Kenya. Les résultats obtenus par ce modèle, présentés dans l’article de Nature, indiquent une tendance au verdissement plus prononcée, non seulement sur les parcelles accueillant des « bosquets TIST », mais aussi sur les zones voisines, par rapport aux parcelles agricoles non concernées par le programme.

Selon les chercheurs, ces résultats observables sur deux tiers des parcelles étudiées sont probablement dus à « plusieurs facteurs, tels que l’agriculture durable pratiquée sur ces terrains, ainsi que les effets microclimatiques de la plantation d’arbres ». Ils constituent ainsi un exemple convaincant de la méthode prônée par l’Autoroute de la pluie : favoriser la plantation d’arbres par les acteurs locaux pour enclencher un processus de végétalisation aux bienfaits multiples.