
En anglais, on distingue le sol (soil), du parterre (ground). Ainsi, le droit du sol c’est “right of the ground”. Dans cette optique, le sol agronomique est distinct du sol géographique et politique. Pourtant ce qui fait la valeur d’un territoire, d’une terre, ce sont bien les ressources qu’on peut en tirer, et en tout premier lieu, l’eau douce, la nourriture et le climat.
Le sol est un agrégat organo-minéral créé par les plantes et les champignons depuis 500 millions d’années. La lecture du rapport de GIS Sol de 2011, donne un parfait aperçu de la contribution des sols à notre cadre de vie. Le sol est à l’origine de la diversité des espèces. Et comme l’illustre Marc-André Selosse dans L’origine du monde : Une histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent (2021 chez Actes Sud Nature), le sol est notre écosystème.
Ce lien est souvent absent de notre imaginaire. L’idée que des humains pourraient exister dans un environnement purement minéral n’est pas uniquement omniprésente dans la science-fiction. Dans son ensemble, le champ culturel et médiatique ne s’intéresse pas au vivant. Pourtant lorsque la biodiversité s’érode, les sols meurent et les hommes s’en vont.
Plusieurs dangers menacent les sols :
- L’appauvrissement : la perte de l’horizon organo-minéral par érosion et oxydation : un sol privé de sa matière organique devient une arène. Il devient sec et compact, puis se délite et s’envole
- L’asphyxie: un sol compacté ne peut plus fonctionner. Les plantes n’y poussent plus, l’eau reste en surface. La vie anaérobie se développe
- La salinisation : les sols salés deviennent impropres aux cultures les plus communes. Très peu de plantes supportent les milieux salés.
- La pollution : la nourriture et l’eau deviennent toxiques
Ces problèmes qui existent depuis les toutes premières sociétés agricoles se sont aggravé avec l’accélération tout azimut des activités de production. Ainsi, selon la FAO en 2021, 1.600 millions d’hectares de terre agricole sont dégradés [3].
La bonne nouvelle c’est que des solutions de restauration existent : intrants de matière organique (brf, paille), implantation de couvertures permanentes, pâturage holistique ou en mode bison, plantation d’arbres, reconstitution de la porosité avec des bactéries lactiques, voir même dépollution avec des plantes, des bactéries ou des champignons. Autant de solutions qui vont toujours vers un accroissement de la biodiversité.
Cela ne doit pas laisser croire que nous pourrions retrouver ce qu’on a perdu. La pédogénèse est un processus long qui fait des sols une ressource quasi non renouvelable. Mais, et c’est le message de l’Autoroute de la Pluie, en agissant sur la biodiversité, nous améliorons notre territoire.
