đŸŒ±Comment cultiver en territoire semi-dĂ©sertique đŸœïž et sensiblement diminuer le risque d’inondations en cas d’épisodes pluvieux extrĂȘmes ? ☔

L’étude Exploring the Potential of Soil and Water Conservation Measures for Climate Resilience in Burkina Faso, qui analyse la situation en milieu SahĂ©lien, revient sur des principes qui devraient ĂȘtre adoptĂ©s dĂšs maintenant dans un pourtour mĂ©diterranĂ©en en cours d’aridification.

Parue en 2024, cette Ă©tude est le fruit d’une collaboration entre scientifiques burkinabĂ©s et japonais, dont Carine Naba. Ils ont utilisĂ© des donnĂ©es nationales, la tĂ©lĂ©dĂ©tection et des outils SIG pour Ă©valuer l’adoption des mesures de conservation des sols et des eaux (“Soil and water conservation measures (SWCMs)” dans l’étude) et leur potentiel de rĂ©silience climatique.

Les techniques étudiées sont traditionnelles au Sahel : demi-lunes, cordons pierreux, zaïs, diguettes filtrantes, bandes enherbées et boulis.

Les rĂ©sultats de l’étude sont notamment :

  • Une augmentation notable de la vĂ©gĂ©tation dans les provinces Ă  forte prĂ©valence de pratiques de conservation des sols et des eaux. Cet essor interpelle alors que la dĂ©sertification menace les pays du Sahel. Il est possible de lutter efficacement contre ce risque.
  • Le dĂ©ploiement de ces techniques entraĂźne une rĂ©duction considĂ©rable du ruissellement. Ainsi, les rĂ©fĂ©rences bibliographiques de l’étude font Ă©tat de rĂ©duction du volume de ruissellement de l’ordre de “70% au niveau du champ et de 8% au niveau du bassin en cas d’Ă©vĂ©nements pluvieux extrĂȘmes”.
  • Plus les terres sont dĂ©gradĂ©es, plus les agriculteurs sont susceptibles d’adopter ces pratiques (seuil Ă©valuĂ© Ă  partir de 60% de dĂ©gradation des terres). Cela pose la question de l’adoption des pratiques agroĂ©cologiques, qui dĂ©pend encore malheureusement de l’état de dĂ©gradation des terres. L’adage “mieux vaut prĂ©venir que guĂ©rir” prend tout son sens, tant en Afrique qu’en Europe.

On le voit, des ajustements agronomiques relativement mineurs peuvent permettre une attĂ©nuation sensible d’alĂ©as climatiques de plus en plus extrĂȘmes. Nous pensons qu’il ne faut pas attendre que la situation se dĂ©grade pour rĂ©agir. C’est pourquoi nous prĂŽnons un dĂ©ploiement rapide de ces techniques en contexte mĂ©diterranĂ©en. Les tragiques inondations d’octobre 2024 en Espagne ne peuvent qu’accrĂ©diter cette thĂšse.

Il est temps d’adapter nos territoires et les exploitations agricoles qui les maillent. Ces mesures de conservation des sols et des eaux s’apparentent Ă  l’approche de l’hydrologie rĂ©gĂ©nĂ©rative en plein essor en France, que complĂšte efficacement l’agroforesterie. L’agriculture de conservation des sols, l’agriculture biologique de conservation des sols et l’agriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative sont d’autres mĂ©thodes Ă  dĂ©ployer massivement pour renforcer notre robustesse, concept stratĂ©gique que diffuse Olivier Hamant.