Pour contribuer Ă  y rĂ©pondre, l’étude “Observational evidence for cloud cover enhancement over western European forests” (https://www.nature.com/articles/ncomms14065) examine les cas des forĂȘts de Sologne et des Landes. Ces territoires relativement plats ont Ă©tĂ© choisis car l’effet du relief n’y est pas prĂ©pondĂ©rant. Cela permet donc d’étudier la dynamique de formation des nuages sans devoir la pondĂ©rer avec les impacts de la topographie.

Cette Ă©tude se base sur une dĂ©cennie d’observations spatiales Ă  haute rĂ©solution et a Ă©tĂ© publiĂ©e en 2017 (https://www.nature.com/articles/ncomms14065).  Robert Vautard, dĂ©sormais Co-PrĂ©sident du groupe 1 du GIEC, y a contribuĂ©, ainsi que 9 autres scientifiques europĂ©ens. 

Cette Ă©tude dĂ©montre que la couverture nuageuse (pĂ©riode juin Ă  aoĂ»t) est particuliĂšrement importante dans ces zones forestiĂšres par rapport aux zones cultivĂ©es et urbaines adjacentes. Ajoutant mĂȘme “Des preuves anecdotiques montrent que les forĂȘts peuvent mĂȘme agir comme une rĂ©gion source de convection profonde, intensifiant ainsi Ă©ventuellement le cycle hydrologique sur terre.”

Dans le cas de la forĂȘt des Landes, les observations font ressortir une importante diminution de la couverture nuageuse estivale suite au passage du cyclone Klaus, en 2009, qui a occasionnĂ© la chute de nombreux arbres, “suggĂ©rant un impact Ă  long terme des extrĂȘmes climatiques sur les Ă©cosystĂšmes forestiers et les interactions surface-atmosphĂšre.”

Cette derniĂšre observation a un Ă©cho particulier alors que la forĂȘt des Landes a Ă©tĂ© durement frappĂ©e par des incendies durant l’étĂ© 2022, et que les mĂ©ga feux se succĂšdent Ă  travers la planĂšte, risquant de toujours plus dĂ©tĂ©riorer la capacitĂ© de la biosphĂšre Ă  “fabriquer des nuages”.

Il apparaĂźt donc critique de promouvoir au maximum une approche agricole basĂ©e sur l’agroforesterie, pour soutenir la capacitĂ© des sols Ă  se protĂ©ger via l’ennuagement et une pluviomĂ©trie importante. Il faut aussi se demander si d’autres espaces agricoles ou urbains, tels que les prairies ou les villes Ă©ponge, peuvent jouer un rĂŽle similaire et dans quelles proportions ?

Pour achever de se convaincre de l’importance de la vĂ©gĂ©tation dans la dynamique des pluies Ă  travers le monde, l’essentiel des prĂ©cipitations d’Asie Centrale, de l’OuzbĂ©kistan au Nord de la Chine et Ă  la SibĂ©rie, provient du recyclage de prĂ©cipitations sur le continent eurasiatique et pas directement des ocĂ©ans. Plus de dĂ©tails sont disponibles dans l’étude : https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1029/2010WR009127